La mise en place de l’IVA, la TVA angolaise
Monsieur Michel Abdelhouab, professeur de sciences économiques au lycée français de Luanda nous éclaire sur la mise en place de l’IVA en Angola ainsi que sur les complication macroéconomiques qui en découlent.
Monsieur Michel Abdelhouab, professeur de sciences économiques au lycée français de Luanda nous éclaire sur la mise en place de l'IVA en Angola ainsi que sur les complication macroéconomiques qui en découlent.
L’IVA à été mis en place début octobre après un report de 3 mois demandé par le patronat angolais. Cette taxe à la valeur ajoutée remplace désormais l’impôt sur la consommation. L'imposition sur la consommation va donc passer de 10%à 14% et concernera essentiellement les entreprises considérées comme grands contribuables. A partir de 2021, cette taxe sera assujettie à toutes les entreprises générant au moins 250000 us dollars de chiffre d'affaires.
Il est pertinent se demander pourquoi le gouvernement angolais à décidé de mettre en place cette taxe maintenant et quels en seront les effets sur le système économique angolais
Les Causes de la mise en place de l'IVA
La première cause est la volonté d’assainissement des finances publiques. En effet l’Angola à signé un partenariat avec le FMI en contrepartie d’un prêt de 3,5 milliards de dollars. La mise en place de l IVA rapportera 243,1 milliards de kwanzas en 2019, et l'assainissement de ces finances publiques est l’une des 10 conditions imposées par le FMI pour l’octroi de son assistance technique et financière. En effet selon la Coface, la dette publique Angolaise représenterait près de 70% du PIB ce qui est considérable.
La seconde cause est la recherche de nouvelles sources de financements dont l’objet est le développement des services publics en matière de santé et d’éducation tel que l’a énoncé le président Lourenco lors de son intervention à l’assemblée nationale début octobre.
La troisième cause est la mise en conformité de l’économie angolaise et de sa politique fiscale avec la zone SADC, la zone de libre échange d’Afrique centrale. En effet l’Angola était le seul pays de la zone SADC a ne pas avoir de TVA. Cette mesure permet donc d’harmoniser les politiques fiscales ce qui permettra d’améliorer la transparence en terme de prix et donc favoriser les échanges. Il est à rappeler que les économies africaines rentrent dans un cycle de développement du libre échange avec la signature de la ZLEC en juillet dernier à Bamako par l’ensemble des pays de l'Union Africaine.
Il existe donc une réelle volonté de structurer et formaliser les structures de l’économie Angolaise.
Les effets négatifs de l'IVA
Les effets pervers de cette mesure néanmoins existent. La mise en place de l’Iva va mécaniquement entraîner une hausse des prix de 4% avec effet immédiat, ce qui est considérable. Couplé avec la très forte dépréciation du kwanza ces dernières semaines de près de35%, le pouvoir d’achat des ménages va fortement se déprécier.
Par ailleurs, L'IVA risque d’entraîner une distorsions des termes de la concurrence, entre secteur formel et secteur informel non soumis à l’IVA sur certains produits .
Enfin, l'IVA est un impôt proportionnel. C'est à dire qu’il touche de la même manière les ménages à faibles revenus et ceux ayant des revenus importants. Il y a donc un risque d’augmentation des inégalités sociales si aucune mesure d’accompagnement n’est prise.
La mise en place de l IVA rentre donc dans un processus de diversification des ressources fiscales du budget, actuellement très dépendantes des ressources pétrolières, de financement de nouveaux services publics sans recourir à l’endettement , ce qui va favoriser l’indicateur de développement humain, et de mise en conformité des règles sociales et fiscales dans La zone SADC ,facteur de développement des échanges extérieurs et donc de création de chaînes de valeur.
L'aspect social ne doit cependant pas être éludé du fait du risque inflationniste. Pour bénéficier à tous , La croissance et le développement économique doivent être inclusifs.