Portrait de Gery MANGEZ : Attaché de défense près l’ambassade de France en Angola

VEA a eu le privilège de passer un moment avec le Lieutenant Colonel Gery Mangez, l'attaché de défense près l'Ambassade de France en Angola et en Namibie... qui nous a parlé avec passion de son métier et de sa mission en Angola.

Bonjour Géry, pouvez-vous nous expliquer le rôle d'un attaché défense ?

L'Attaché Défense en Angola est le représentant des armées françaises en Angola.

A ce titre il est le conseiller de l’ambassadeur dans le domaine de la défense. Le rôle de la mission de défense est de promouvoir la politique de défense de la France, de comprendre et de faire comprendre la politique de défense de l’Angola et de servir de lien entre les appareils de défense des deux pays afin  de consolider la paix en Afrique. Pour cela, il développe la coopération militaire entre les deux pays.

Par quel moyens faites-vous la promotion des politiques de défenses de la France et de l'Angola ?

C'est de la pédagogie au sens large : un travail de rencontres, d'explications, de présentations, d'écoute... auprès de publics très différents qui peuvent être des ministères, des entreprises... des élèves du Lycée français dernièrement et même vous aujourd'hui !

Et la coopération militaire, par quoi passe-t-elle concrètement ?

Il existe un plan annuel de coopération avec l'Angola. Notre objectif est de participer à la formation des forces de sécurités angolaises afin qu'elles puissent contribuer à la paix et la sécurité de la région pour le bien de tous. Il s’agit d’un partenariat « gagnant-gagnant ». C'est vraiment de la coopération : nous définissons ensemble, avec les autorités angolaises, des objectifs et menons à bien des projets pour les atteindre.

Dans le cadre de cette coopération, nous proposons des formations :

• de l'apprentissage de la langue française bien sûr ;
• mais aussi de formations plus techniques en particulier dans les domaines de sécurité maritime et des mission de paix de l'ONU. Pour cela, nous nous appuyons sur les 19 écoles de formations militaires à vocation régionale qui existent en Afrique (ENVR).
• Ce sont des centres de formation dans lesquels la France est partie prenante et qui sont implantés dans un pays mais voués à recevoir des stagiaires venus d'autres Etats de la région.

Nous faisons aussi des exercices, des formations pratiques organisées avec et pour les groupes militaires en fonction. Nous faisons alors appel aux forces françaises basées au Gabon et au bâtiment français patrouillant en permanence le long de la côte ouest-africaine.

Pourquoi la France accorde-t-elle autant d'importance à l'Angola ?

L'Angola occupe une position géographique stratégique dans l'équilibre de la région. Elle est en effet à l'intersection de l'Afrique francophone et de l'Afrique anglophone ; elle a une grande côte sur le Golfe de Guinée (haut lieu de la piraterie), elle est à la frontière de la région des grands lacs (RDC, Zambie, Tanzanie, Burundi, Ouganda, Kenya)...

Pour la France, l'Angola est un "partenaire stratégique" avec lequel un accord de coopération dans le domaine de la défense a été signé en 2018. Par cet accord, les deux pays s'engagent à travailler ensemble à la résolution conjointe des conflits en Afrique. La France est convaincue que l'Angola peut jouer un rôle déterminant dans le maintien de la paix dans la région.

Les relations militaires franco-angolaises sont donc au beau fixe ?

Les relations entre les deux présidents sont très bonnes. De plus, l'état angolais est engagé dans les problématiques géopolitiques (sécurité maritime, terrorisme) et écologiques (pêche illégale, pollution) et sait pouvoir compter sur les projets de coopération de l'équipe France pour l'accompagner.

Depuis combien de temps êtes vous en Angola ? 

Cela fait quatre ans, ma mission se termine dans les mois à venir.

Quelles impressions vous a fait ce pays ?

C'est un beau moment de ma vie. J'étais déjà lusophone en arrivant car j'ai été en poste au Brésil et au Portugal précédemment.

L'Angola est une belle surprise ! Le pays est magnifique et les angolais sont ouverts et accueillants. J'ai eu la chance d'en visiter une grande partie dans le cadre de mes fonctions, et j'ai toujours été ébloui par les paysages et les rencontres... malgré une différence de niveau de vie flagrante... quel dommage que ce soit si méconnu des français.

Mon grand regret est de ne pas avoir pu faire venir mes enfants pour le voyage que nous avions prévu - avant le COVID... ils auraient certainement beaucoup aimé.

A quels loisirs vous êtes vous adonné ?

Pour moi c'était facile : ma femme et moi sommes golfeurs et surfeurs... j'en ai passé des week-end à Caboledo !

Un grand moment de solitude ?

Je ne peux pas tout vous dire ! Mais il y a quand même ce 14 juillet pour lequel j'avais fait cette invitation à diner un soir dans un cadre professionnel et formel : j'avais invité trois personnes... Ils sont arrivés en retard (oui nous sommes en Angola, mais je reste un militaire !), et parmi les quatre personnes qui sont venues... hé bien il n'y avait aucun de mes invités !

Ceci dit ce fût une soirée agréable et très utile professionnellement !

Pour finir quel conseil donneriez vous aux nouveaux arrivants ?

Restez raisonnables au regard de la sécurité mais n'hésitez pas à sortir des sentiers battus !