J’ai testé pour vous : le Catatu

Vivre en Angola - 10 mars 2023

Non vous ne rêvez pas ! Juste histoire de tester, je me suis mise à l’entomophagie. Enfin juste le temps d’un plat !

Entomophagie ? Kezako ?

C’est la pratique, qui consiste pour un être humain, à manger des insectes.

Et oui il faut bien commencer à s’y mettre. Dans le monde 1900 espèces d’insectes comestibles sont recensées et plusieurs raisons sont évoquées pour nous adapter à ce régime. Par exemple :

Je ne vous ai toujours pas convaincu ?

Je comprends et j’avoue que pour moi, ce ne sera pas une première en entomophagie. J’ai déjà eu l’occasion lors d’un voyage en Thaïlande de goûter les vers de palme frits. Je dois dire que le goût n’était absolument pas désagréable et qu’avec une dégustation les yeux fermés, je serais véritablement tombée dans le panneau. J’avais l’impression de manger des « curly ».

Alors quand fortuitement, au cours d’anglais, on m’a parlé pour la première fois de ce plat, ça m’a tout de suite donné une idée, ma première expérience thaïlandaise ne m’ayant pas dissuadée de réitérer. Des amis nous ayant conviés à leur pot de départ pour la fin de semaine, me voilà motivée pour faire connaitre ce plat traditionnel angolais servi lors des principales grandes fêtes de famille (mariage, baptême…).Mes amis ne peuvent absolument par partir du pays sans connaitre le catatu !

 

Je parle donc à ma ménagère de mes intentions. Elle me regarde tout d’abord en rigolant car elle est persuadée que je plaisante. Je la convaincs complètement quand je lui dis que je mange des escargots. Elle accepte avec engouement de participer à ma surprise et de m’initier à la préparation de ce qui s’apparente aux vers de Mopane, élément principal du catatu.

 

 

Vous trouverez ce caviar d’Afrique Australe (dixit un guide namibien) sur les étals des marchés locaux. Ils sont présentés sous forme de monticule et sont vendus séchés au feu de bois. Les miens proviendront do Mercado dos Kwanzas. Un volume, soit une grande boite de conserve, suffira à faire la surprise.

Je sais...l'image de la pomme et du ver séché vous impressionne ? Il y a de quoi....

 

Mise en garde : Ces petites friandises de retour  du marché, vous vaudront de vous croire propulsé(e) chez le Soba du village. Et oui, l’odeur fumée imprègnera votre domicile tout entier, de la cuisine aux chambres à coucher et ce pendant plusieurs jours. Ça donne envie !

Trêve de plaisanterie, passons aux choses sérieuses, la fabrication du plat de catatu !

Recette

Ingrédients :

Déroulé de la recette :

1 - Faire tremper les vers dans un grand volume d’eau salée toute la nuit

2 – Ressortir les vers de l’eau avec écumoire

3 – Rincer les plusieurs fois dans de l’eau (elle l’aura fait 2 fois)

4 – Les remettre dans une casserole, couvrir d’eau salée et faire cuire jusqu’à ce que les vers aient la texture appropriée (un peu mou, un peu croquant selon elle). Ils auront cuit 1h 30 environ

A la fin de cette étape, je goûte les insectes et reste perplexe car cela se mange mais n'a aucune saveur spécifique..
Je suppose que la petite mixture qui suit va rehausser le goût !

   

5 – Éplucher l’oignon, les gousses d’ail

6 – Les couper en fines lamelles ainsi que les poivrons

7 – Les mettre dans une casserole, y ajouter la feuille de laurier et une bonne quantité d’huile, et mettre sur le feu.

8 – Quand les légumes commencent à fondre, ajouter les vers, le bouillon cube émietté et remettre à cuire sur feu moyen afin que l’assaisonnement parfume tout le plat.

9 – Au bout de 30 minutes, c’est prêt.

Verdict :

Déjà l’odeur de Soba s’est nettement atténuée et une bonne odeur familière de cuisine ouvre l’appétit. C’est déjà une bonne chose. La texture est effectivement un peu molle mais toujours un peu croquante. Un goût de fumé majoritaire reste en bouche et l’assaisonnement léger aide probablement à apprécier la bouchée que je mastique un peu longtemps.

Pour mon conjoint, désespérément, le goût de fumé l’indispose. Il n’est pas emballé mais la texture lui évoque celle de la crevette. Et surtout il est heureux d’avoir participé à cette petite aventure.

Epilogue

Nous partons donc avec notre petit plat en catimini (accompagné du piment qu’on proposera en option) direction la maison de nos amis. La soirée ayant pour thème auberge espagnole (chacun ramène des choses à manger), nous pourrons apporter un effet surprise à nos hôtes, mais également aux convives. Je dépose sur la table les autres plats préparés en attendant. Quand tous les invités sont arrivés, mon conjoint prends le micro pour annoncer que nous avons une petite surprise ou un défi (au choix) à proposer. Nous exprimons avec une pointe d’humour, le souhait que nos hôtes ne partent pas d’Angola sans expérimenter un des plats typiques angolais. Nous mettons en avant le plat de Catatu et servons avec la sauce pimentée.

Ni une, ni deux, les intéressés ravis de cette expérience, prennent une de nos petites bestioles du bout des doigts et la savourent sans se poser de question devant l’assistance quelque peu impressionnée. Pas une grimace, juste des « hmm, c’est bon ». Je ne peux tout de même m’empêcher de penser qu’à ce moment, leur but était de rester persuasifs. Nous sommes donc partis ensemble proposer cette singulière victuaille aux autres invités qui sur la base du volontariat, acceptaient de vivre cette expérience culinaire.

Bien sûr, il y a eu des « beurks », des « je ne veux même pas voir » mais dans l’ensemble, les gens ont joué le jeu. Sont ressorties les mêmes sensations que nous avons eues avec mon conjoint (c’est mou, c’est dur, ça a un goût légèrement fumé, je me suis demandé à quel moment je pourrais avaler ma bouchée…).  Nos hôtes ont été emballés par cette surprise qui nous rapproche un peu plus de notre pays d'accueil !

Alors je vous mets au défi pour découvrir un autre plat angolais atypique ! N’hésitez pas dans ce cas à partager votre expérience avec nous !

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