Églises

Le style des églises en Angola est fortement marqué par le baroque portugais, propre aux constructions du XVIIIème siècle. Stylistique régionale à l’origine, qui a atteint une dimension extraordinaire et internationale grâce à son expansion intercontinentale en Afrique et au Brésil.

AzulerosVoici quelques caractéristiques de cet « estilo chão » : simplicité formelle et spatiale avec une ornementation intérieure exubérante (modules décoratifs, bois travaillé, panneaux d’azulejos, etc.). Les églises s’inscrivent toujours dans l’urbanisme colonial.

Les azulejos constituent une technique simple pour suppléer au manque de moyens éventuels. Principalement constitués de carreaux de faïence peints en bleu (azul signifiant bleu en portugais), ils permettent une décoration d’une variété infinie. Ils sont remarquables pour leur longévité et leur facilité d’emploi.

Ce matériau peut être considéré comme véhicule de divulgation de la culture portugaise et chrétienne à travers le temps et l’espace.

Église de Jésus

Igreja de Jesus"Igreja de Jesus"

Elle est située au bout de la rue Tchakamanga, près de la présidence et de l’archidiocèse. La congrégation des Jésuites, agréée par le pape Paul III en 1540, envoie dès les premières années de son existence plusieurs de ses fils évangéliser les nouvelles terres découvertes par les portugais en Orient, en Amérique et en Afrique. C’est ainsi que dans les années qui suivent l’installation de Paulo Dias de Novais, les jésuites l’accompagnent dans les diverses expéditions à l’intérieur du pays en évangélisant les populations. En récompense des services rendus, Paulo Dias de Novais leur octroie des concessions de terre pour la construction d’écoles et hôpitaux. En 1636, la construction de l’église est déjà achevée. Elle est somptueuse et est la plus grande de Luanda. Un prêtre du nom de Francesco Rodrigues évoque cette église : « les jésuites voulaient construire une église comme un collège, d’un style et d’une grandeur tels que ce soit un éclat dans la ville de Luanda ».

Durant l’occupation hollandaise (1641-1648), le collège des jésuites servait de résidence au gouverneur et l’église, de salle de réunion. À la reprise de la ville de Luanda par les portugais en août 1648, une grande messe d’actions de grâce y fut célébrée. Il est aussi écrit, dans le catalogue des gouverneurs, que les cendres de Paulo Dias de Novais, mort à Massangano en 1589 à 70 km au sud-est de Luanda, ont été transférées à Luanda en 1609 et sont conservées dans cette église. L’œuvre de restauration des années 1950 a permis de retrouver de nombreuses sépultures de personnages illustres.

De 1961 à 1975, l’église de Jésus est une chapelle militaire pour les offices religieux des forces armées. Aujourd’hui, le collège, l’église, le couvent et un dispensaire sont gérés par les prêtres jésuites.

Igreja de JesusTrois porches en plein centre donnent accès à la nef. Le chœur est orné de décorations de style italien, de colonnes torses en marbre polychrome. De gauche à droite, le long du déambulatoire, la statue de Jésus est juchée sur un piédestal immense dans une niche profonde, ainsi que les figurines de Saints, Joseph, Ignace, Isabelle et Notre Dame de Nazareth qui sont protégés par des petites chapelles. Le petit édicule qui surmonte l’autel est orné d’un toit en coupole, décoré d'« écailles », symbole d'« Ichtus » (poissons des premiers chrétiens).

Nous trouvons dans cette église les autels dédiés à Notre-Dame du Rosaire, à Saint François-Xavier et aux 11 000 vierges. Il s’agit d’un style d’ornement caractérisé par la liberté des formes comme celui de Coimbra au Portugal et de Bahia au Brésil.

Comme les autres églises de style jésuite, l’église de Jésus de Luanda est monumentale. Les lignes droites mettent en évidence les proportions qui en révèlent la beauté. Le jeudi et le vendredi entre 9h30 et 12h50, vous pouvez parfois trouver dans cette église, femmes, jeunes filles ou hommes, chacun dans un coin devant une figure de saint, bougies allumées, en train de prier, ou déposer un petit mot.

Église Notre-Dame des Remèdes

Igreja de Nossa Senhora dos Remédios"Igreja de Nossa Senhora dos Remédios" (ancienne cathédrale de la ville)

Nossa Senhora dos Remedios da Praia, située sur la rue Rainha Ginga, est la troisième construction sur le même emplacement, après l’église du Saint-Esprit, puis l’église du Saint-Corps, qu’elle a remplacée le 29 juin 1679. Elle a été cathédrale durant un siècle et demi entre juin 1828 et décembre 1987. L’église est l’œuvre des habitants de la ville basse qui ont commencé sa construction en 1655. Notre-Dame des Remèdes a souvent bénéficié de travaux de réparations et de conservation. La dernière rénovation date de 1995.

Sur proposition de la Commission des monuments nationaux, l’église Notre-Dame des Remèdes a été classée monument public en 1949, de par son ancienneté et son importance dans l’histoire du christianisme en Angola.

Statue de la Vierge de l'église Dos RemediosNotre-Dame des Remèdes a une configuration particulière, ornée de figures bibliques dans le transept.

On découvre une nef unique à la voute légèrement surbaissée qui conduit au chœur très profond. Ceci peut surprendre compte-tenu des 3 portails de la façade. On peut également apprécier un narthex (l'avant-nef est à l'entrée de l'église, un espace intermédiaire avant d'accéder à la nef proprement dite) plafond à caisson et une arche surbaissée. Notre-Dame des Remèdes comprend des tribunes latérales ainsi qu’une tribune au-dessus de l’entrée. À l’extérieur, de jolis remplages (ensemble d'éléments constitués dans le même matériau que celui de l'embrasure qui divisent la surface d'une baie de grandes dimensions) d’une rosace en verre blanc.

C’est une église remarquable par sa clarté, son espace intérieur dilaté, mis en valeur par une très grande largeur.

Église Notre-Dame de Nazareth

Igreja Nossa Senhora de Nazareth"Igreja Nossa Senhora de Nazareth"

La petite église Notre-Dame de Nazareth située sur l’avenue 4 de Fevereiro (la Marginale) est construite face à la baie de Luanda. À l’époque, cette zone était une brousse et l’église servait de pélerinage au clergé de Luanda.

Sa construction fut décidée par le gouverneur d’Angola, André Vital de Negreiros, qui l’a consacrée à Notre-Dame de Nazareth, en souvenir d’un vœu pieu réalisé lors d’un naufrage d’où il sortit indemne. On peut lire le souvenir de cette fondation sur la façade. Fondée en 1664, la chapelle fut construite sur l’ancien terrain du fort de Santa Cruz détruit lors de l’invasion par les hollandais en 1640.

Bel exemple d’architecture religieuse du XVIIème siècle, l’église Notre Dame de Nazareth comporte une nef centrale et des niches latérales côtoyées par deux petites salles. Les azulejos qui représentent la bataille d’Ambuila (1665) couvrent les murs du chœur où se trouve encastrée, du côté droit, la tête du roi Kongo, converti au christianisme, António mort pendant la bataille. Ce qui est certain, c’est que la victoire des portugais fut attribuée à la vierge de Nazareth. Le roi António était un roi puissant. Son royaume Kongo s’étendait jusqu’au Gabon, incluant les deux Congo.

Igreja Nossa Senhora de NazarethLe reste de l’église est couvert d’azulejos, bleus et blancs, caractéristiques du XVIIIème siècle. L’église Notre Dame de Nazareth est aujourd’hui le monument le plus visité.

Face au chœur, sur la gauche, comment ne pas remarquer la statue, (rare) de la Sainte noire, Iphigénie, qui protège contre les incendies. Elle porte une petite maison à la main. On la retrouve très fréquemment au Brésil et dans une seule église de Lisbonne, l’église de Graça, près du Castelo São Jorge.

On s’arrêtera pour apprécier le plafond pétrin, non décoré, verni seulement. Notre regard se posera ensuite sur le chemin de croix miniature qui court le long des murs de la nef.

Sur le sol du bas-côté à gauche, une pierre tombale de 1838. C’est la femme de Don João, dernier vestige apparent du cimetière. En 1909, de grandes pluies détruisirent la toiture en fer de l’église, les murs furent touchés et l’arrière de l’église devint inutilisable. Le toit ne put être refait qu’en 1935, remplacé dans l’intervalle par une charmante construction en branches de palmes. En 1922, elle fut classée monument national.

Cette église, entièrement rénovée, est une église mystique où les fidèles sont pour la plupart des femmes mariées ou vivant seules, à la recherche du bonheur conjugal ou de la maternité. De pieuses personnes debout ou assises, voire à genoux, prient face à la statue de la Vierge Marie. Vous trouverez des boîtes d’allumettes, des lettres, de l’argent au pied de la statue de Notre Dame de Nazareth. Il s’agit de demander la grâce de Dieu par l’intermédiaire de la Sainte Vierge Marie. Les fidèles racontent que les femmes stériles deviennent fécondes et que certains couples retrouvent la paix conjugale…

Sous la véranda qui donne accès à l’administration, se trouvent les sépultures des fidèles. La dernière inhumation fut, dit-on, celle de la célèbre Dona Ana Joaquima, en 1836. Le petit cimetière jouxtait alors directement une étable.

Église Notre-Dame du Cap

Igreja de Nossa Senhora do Cabo"Igreja de Nossa Senhora do Cabo"

Située sur Ihla, on y accède par l’avenue Murtala Mohamed. Elle a été construite sur le même terrain que l’ancienne chapelle dédiée à Notre-Dame de l’Immaculée Conception, première église portugaise en Angola. Construite après la reconquête de 1648 et probablement située à l’endroit où débarqua Paulo Dias de Novais en 1575, elle appartient à une période importante de reconstruction des églises de Luanda après l’occupation hollandaise et se distingue par son élégante tour de pierre et sa croix ancienne.

La dénomination de Notre-Dame du Cap est dûe au fait que l’église est située à la pointe du Cap où commence l’île de Luanda. Celle-ci a toujours été habitée et considérée comme poste d’avant-garde du port et de la ville de Luanda.

Après 1694, l’église Notre Dame du Cap célébrait les messes pendant la semaine. Les dimanches, les jours fériés et les jours des Saints, les fidèles assistaient au culte à l’église Notre-Dame des Remèdes dans la ville basse.

Construite par les Jésuites au XVIIème siècle, elle était en ruines au XIXème siècle et fut restaurée en 1870. Les travaux furent exécutés par une commission de résidents. À maintes reprises, cette église a été rénovée. En 1979, elle le fut par la Commission des monuments nationaux. La dernière restauration s’est s’achevée en 2009.

L’église de Notre-Dame du Cap est petite et dépouillée, le principal ornement étant la statue de Notre-Dame du Cap réhaussée de bronze, datant de la fin du XVIIIème siècle. Les pêcheurs Axiluanda, qui fréquentent l’église, vouent en effet une profonde dévotion à la Vierge et sa statue. Nous y trouvons également d’autres figures de saints protecteurs, à savoir Notre-Dame de Fátima, Saint Joseph et le Sacré Cœur de Jésus. Derrière l’église se trouvent un couvent et une école primaire.

Église de la Sainte-Famille

Igreja da Sagrada Familia"Igreja da Sagrada Familia"

L’église Sainte-Famille est située sur la place du même nom, près de la maternité centrale de la ville, Lucrécia Paim. Elle occupe une place de choix dans le quartier Maculusso. Sa localisation au cœur de ce quartier résidentiel a un impact important sur le tissu urbain.

Igreja da Sagrada FamiliaConstruite en 1964, l’église invite les fidèles à entrer par de larges marches depuis le parvis. La nef centrale conduit au choeur, éclairé par des vitraux de couleurs vives illustrant les évangiles.

À l’autel du Saint Sacrement de l’église Sainte-Famille, se trouve la colombe du Saint-Esprit.

Jean-Paul II y est venu en 1992.

Église Notre-Dame des Carmes

Igreja de Nossa Senhora do Carmo"Igreja de Nossa Senhora do Carmo"

L’église Notre-Dame des Carmes ou Notre-Dame du Mont-Carmel, située sur la rue Tipografia, mama Titã, a été fondée par le frère Gregório de Santa Teresa en 1660. Le terrain qu’elle occupe est une donation du gouverneur de l’Angola. Elle fut terminée en 1689, date inscrite sur la porte principale.

En 1828, la construction des carmélites est ruinée, la majeure partie du couvent de Sainte-Thérèse est détruite ; en 1834, la congrégation des carmélites ferme ses portes. Un peu plus tard, la garde civile publique s’y installe. En 1842, le couvent dans son ensemble se trouve dans un état de ruines. En 1855, sur ordre du gouverneur, la propriété de cette église fut transférée à l’ordre tiers de Saint François. Et finalement, comme Dieu « ne dort pas », selon l’expression africaine, la fondation des "Carmélites Descalços", est devenue monument national pour sa valeur artistique et historique.

L’église actuelle n’est donc pas celle des premiers religieux. Elle devait être très simple, très petite et sans ornement systématique et particulier.

À l’intérieur, l’intérêt principal de l’édifice réside dans sa voûte à caissons de bois, dite « abobada masseira », c’est-à-dire « voûte-pétrin » ou encore « plafond-pétrin » à la forme caractéristique : retombant presque à angle droit sur les côtés.

Cette voûte avec ses 3 médaillons, montre le triomphe d’Elie avec ses voûtes polychromes ainsi que des guirlandes de fleurs. Au fond, sous la tribune, la mort de Sainte Thérèse (1742).

azulejos dans l'église De Nossa Senhora do CarmoLa sacristie est d’une construction postérieure (1691). À l’entrée, on peut voir la pierre tombale du Cardinal Domingo, XVIIIème siècle, et, au-dessus de la porte d’entrée, les emblèmes des carmélites combinés aux armes du Portugal. Les murs latéraux en azulejos, bleus et blancs sont typiques du style du XVIIIème siècle. Ils représentent Saint Ange, Saint André et deux saintes. Au-dessus du trône, une représentation de Notre-Dame des Carmes.

Un tableau représentant la réception de la règle de l’ordre des Franciscains se trouvait au-dessus de la porte latérale.

L’autel et le retable de pierre aux colonnes torses engagées sont dominés par la Vierge présentant l’Enfant, typique baroque européen de la fin du XVIIème siècle. Une voûte en plein cintre.

plafond de l'église de Nossa Senhora do CarmoOn remarquera des chapelles latérales dont celle du Christ mort. Un mot particulier sur le mobilier du chœur qui est un modèle contemporain en inox fabriqué au Portugal.

À l’intérieur, on sera peut-être surpris par la présence de batuques, élégants tambours accompagnant les chants de l’église, témoins du syncrétisme afro-portugais, qui rend les célébrations si particulières aux yeux des nouveaux arrivants occidentaux.

L’église Notre-Dame des Carmes est la plus belle de Luanda. Elle témoigne déjà du goût du XVIIIème siècle, qui s’exprime dans les œuvres d’art, les figures de saints et l’architecture.

Vous trouverez dans le cloître, à l’angle sud-ouest, une croix de bois aux restes de polychromie. Elle représente un arbre de Jessé, père du Roi David, à l’origine de la généalogie davidique de Jésus, allongé sous la croix, à la racine.

En face, nous nous arrêterons devant une belle statue de l’Immaculé cœur de Marie, reine du monde, en bois peint et doré (environ XVIIIème siècle).

Aujourd’hui, l’église est gérée par des dominicains.

Le cloître est l’un des endroits les plus enchanteurs de la ville.

Source : Bem-vindo Luanda, 2007, de Matéus K. Kavula

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